Livres dont je n’ai pas parlé : RDV n° 11

Premier jeudi du mois ?

C’est le rendez-vous des livres dont je n’ai pas parlé avec Herisson et Missbouquinaix.
 Aujourd’hui, parlons d’amour.
the history of loveThe History of love –(L’Histoire de l’amour)
Nicole Krauss
Trois histoires. Un point commun : un livre, L’Histoire de l’amour.
 Alma, adolescente new-yorkaise, est triste. Son père est mort il y a quelques années, et sa mère, tout comme elle et son jeune frère n’ont pas encore fait leur deuil. Elle doit son prénom à l’héroïne d’un livre : L’Histoire de l’amour, ce même livre qu’un mystérieux Jacob Marcus. demande à la mère d’Alma de traduire de l’espagnol. La jeune fille va se mettre à la recherche de l’auteur, pensant ainsi aider sa mère à être moins triste.
 Toujours à New-York, Leo Gursky, se met à écrire pour ne pas oublier, pour laisser une trace. La trace de sa fuite de Pologne pendant la seconde guerre mondiale et de la perte de la femme qu’il aimait. Elle aussi avait fui vers l’Amérique plus sûre, emportant avec elle leur fils qu’il n’aura jamais connu. Le souvenir de cet amour aura accompagné Leo toute sa vie.
 Au Chili, Zvi Litvinoff , est l’auteur de L’Histoire de l’amour.
 Au début, on se demande ce qui pourra bien faire se rencontrer ces trois histoires. On entre dans une histoire labyrinthique servie par une écriture très maîtrisée. Jamais on ne se perd dans cet entrelacs de mémoires et d’histoires d’amour. L’amour, qu’il soit pour un homme ou une femme, pour un enfant, pour la littérature, traverse le temps et l’espace.
 Nicole Krauss construit son puzzle sans jamais perdre son lecteur . Chacun des trois narrateurs s’exprime tour à tour dans des chapitres dont l’en-tête symbolise les personnages – une boussole pour la jeune Alma, un coeur pour Leo et un livre pour Litvinoff.
 J’ai beaucoup aimé ce roman par l’originalité de sa construction mais surtout par la délicatesse avec laquelle il parle de perte, de manque, de reconstruction, de nostalgie, de l’importance qu’un livre peut avoir sur une vie.
 
nos cheveux blanchiront avec nos yeuxNos Cheveux blanchiront avec nos yeux Thomas Vinau
Walther met en application la phrase de Blaise Cendrars « Quand on aime il faut partir ». Alors que sa compagne est enceinte, il part loin, pour expérimenter l’ailleurs et peut-être mieux revenir. Dans la première partie – Le Dehors du dedans – il livreses impressions lors d’un périple mélancolique qui le mène du Grand Nord à l’Espagne. Il fait des rencontres, mais pas tant que ça. Dans des lettres à sa compagne il conte ses rencontres avec les gens, les paysages, le climat, un oiseau. En guise de lettres, il s’agit plutôt de billets, d’instantanés poétiques, de partage de sensations. Il a quitté Sally mais elle est constamment avec lui et on sait, il sait, que sa place est auprès d’elle.
Il lui aura fallu cet éloignement géographique pour le comprendre, ou plutôt pour avoir la confirmation que sa vie n’a de sens qu’auprès de Sally et de leur enfant. Cet éloignement géographique lui aura permis non pas d’explorer le monde, mais de s’explorer lui-même jusqu’à être sûr de ses choix.
Dans la seconde partie – Le Dedans du dehors – il explore un autre territoire, celui de la paternité et de la cellule familiale. Le rythme est plus lent, il ne sort quasiment pas de la maison, continue son carnet de voyage intime.
Peut-on dire que ce petit livre est un roman ? Certes il raconte un parcours, l’ensemble fait sens. Mais j’y ai lu plutôt une succession de pensées, une ode au moment présent, aux petits riens qui mis bout à bout forment une vie.
La construction, les titres de chaque chapitre sont à eux seuls des petits moments de grâce. Dans ce premier roman Thomas Vinau réussi à magnifier le quotidien grâce à un sens de l’observation aigu et à une plume dont la fulgurance poétique fait mouche à chaque phrase.
J’ai aimé l’écriture mais malgré tout, sans trop savoir comment expliquer cet étrange phénomène, si j’ai été émue par les images, les sensations révélées par touches successives, il n’en a pas été de même pour le roman dans sa globalité. Peut-être que j’ai eu des difficultés à me sentir en empathie avec Walther. Peut-être que je ne l’ai pas lu au bon moment.
 Assurément j’essaierai à nouveau un roman de Thomas Vinau, et merci à  Jeneen pour ce prêt et cette découverte, même si j’ai pas été aussi enthousiaste qu’elle. 
Des avis aussi chez  Liliba, Asphodèle
Chez Missbouquinaix : Les Séparées de Kéthévane Davrichewy /Retour à Killybegs de Sorj Challandon / L’Entretien suivi de L’Enterrement de Léo Bossavit
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