Dernier tour de notre ronde
Voilà, c’est la fin de cette ronde belgo-centro-bretonne, et l’occasion de belles découvertes.
Pour moi : La plage d’Ostende / Cézembre noire / La petite dame en son jardin de Bruges
Pour Jeneen : La Plage d’Ostende / Un grand coeur / Intérieur sud
Pour Anne : A l’angle du renard/ Un grand coeur / Cézembre noire
A l’angle du renard –Fabienne Juhel
Si je vous dit « Arsène Le Rigoleur », vous l’imaginez comment le bonhomme ? Vieux paysan d’un autre âge, l’œil malicieux et pétillant, le sourire constamment accroché aux lèvres ?
Et bien vous n’auriez pas tout faux mais presque. Arsène est bien paysan, mais il a tout juste 40 ans et la dernière fois que quelqu’un l’a vu rigoler c’est…pfff…il y a bien longtemps.
Il vit seul dans sa ferme depuis que sa mère est en maison de retraite. Il est accroché à cette terre qui l’a vue naître et qui le nourrit encore.
C’est lui, Arsène, qui nous raconte son histoire. Il nous raconte l’arrivée de gens de la ville qui viennent de reprendre la vieille ferme du voisin. La gamine, Juliette , 5 ans , l’adopte tout de suite, jusqu’à l’appeler tonton. Ce n’est pas le cas de son frère, Louis, 8 ans, ni de sa mère qui se méfie de ce vieux garçon solitaire qui se plait en la compagnie d’une petite fille. On la comprend un peu.
Pourtant, il n’a pas l’air bien méchant cet Arsène.
Mais au fur et à mesure de son récit, il se livre, et fait découvrir des facettes de sa personnalité qui peuvent faire frémir. Il livre des évènements de son enfance et de sa vie actuelle qui peuvent donner froid dans le dos.
L’art de Fabienne Juhel, c’est de suggérer, et d’emporter le lecteur vers un univers où se mêlent bon sens paysan et croyances d’un autre temps, et où l’auteur explore l’âme humaine et ses recoins les plus sombres.
La vie d’Arsène le Rigoleur est reconstituée au compte goutte, sans jugement, assez froidement. Le lecteur ne peut s’empêcher de trembler pour les enfants, il sait bien que la fin ne peut pas être heureuse, mais pourtant, elle est surprenante.
La mort est omniprésente dans ce récit dérangeant qu’on ne peut lâcher jusqu’à la fin.
Même si la métaphore du renard tout au long des chapitres ne m’a pas convaincue ni particulièrement intéressée, le style de l’auteur m’a emportée, et une fois plongée dans ce roman je n’ai pu m’arrêter alors que je pensais au début avoir affaire à un roman de terroir que je n’affectionne pas particulièrement.
Merci à Jeneen pour cette découverte. Première mais certainement pas dernière lecture de cette auteur.